La Banque du Canada a annoncé qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à 1 %. Le taux officiel d’escompte demeure à 1 1/4 %, et le taux de rémunération des dépôts, à 3/4 %.
Les perspectives de croissance de l’économie mondiale se sont affaiblies depuis la parution du Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril. Alors que l’économie américaine continue de croître à un rythme graduel mais un peu plus lent, l’évolution de la situation en Europe indique une nouvelle contraction. En Chine et dans les autres pays émergents, la décélération de la croissance a été plus prononcée qu’escompté, sous l’effet du resserrement passé des politiques et de la demande extérieure plus faible. Ce ralentissement de l’activité économique mondiale a entraîné un recul marqué des cours des produits de base, qui demeurent toutefois élevés. La combinaison de la hausse des capacités excédentaires dans le monde durant la période de projection et du recul des cours des produits de base devrait amoindrir les pressions inflationnistes à l’échelle du globe. Les conditions financières mondiales se sont également détériorées depuis avril et ont connu des périodes de volatilité considérable. Dans son scénario de référence, la Banque suppose que la crise européenne restera contenue, bien que cette hypothèse soit entachée de risques à la baisse.
Bien que les vents contraires extérieurs freinent l’activité économique au Canada, des facteurs internes devraient soutenir une croissance modérée au pays. La Banque prévoit que l’économie progressera à peu près au même rythme que la production potentielle à court terme, avant de s’accélérer au cours de 2013. La consommation et les investissements des entreprises devraient être les principaux moteurs de la croissance, à la faveur de conditions financières très expansionnistes au Canada. Toutefois, leur rythme sera influencé par les vents contraires extérieurs, notamment les effets des cours moins élevés des produits de base sur les revenus et la richesse au pays, ainsi que par le niveau record de l’endettement des ménages. L’activité dans le secteur du logement, qui a atteint des niveaux inégalés, devrait ralentir. Les dépenses publiques ne devraient pas contribuer à la croissance en 2012 et devraient n’apporter qu’une contribution modeste par la suite, conformément aux plans d’assainissement des dépenses des gouvernements fédéral et provinciaux. On s’attend à ce que les exportations canadiennes se maintiennent en deçà du sommet atteint avant la récession jusqu’au début de 2014, compte tenu de la dynamique de la demande étrangère et des défis qui subsistent sur le plan de la compétitivité, y compris la vigueur persistante du dollar canadien.
La Banque prévoit que l’économie croîtra à un rythme de 2,1 % en 2012, de 2,3 % en 2013 et de 2,5 % en 2014. L’économie devrait atteindre sa pleine capacité au second semestre de 2013, affichant donc une faible marge de capacités inutilisées un peu plus longtemps que prévu antérieurement.
L’inflation mesurée par l’indice de référence devrait rester aux environs de 2 % durant la période de projection, alors que l’économie tourne près de son plein potentiel, que la progression de la rémunération du travail demeure modérée et que les attentes d’inflation restent bien ancrées. En raison de la baisse récente des prix de l’essence et comme les cours à terme laissent entrevoir la persistance de prix du pétrole moins élevés, la Banque anticipe que l’inflation mesurée par l’IPC global demeurera sensiblement en deçà de la cible de 2 % dans l’année à venir, avant de regagner la cible vers le milieu de 2013.
Compte tenu de tous ces facteurs, la Banque a décidé de maintenir le taux cible du financement à un jour à 1 %. Dans la mesure où l’expansion économique se poursuit et l’offre excédentaire au sein de l’économie se résorbe graduellement, il se peut qu’une réduction modeste de la détente monétaire considérable actuellement en place au Canada devienne appropriée, de façon à atteindre la cible d’inflation de 2 % à moyen terme. Le moment et le degré de toute réduction seront évalués avec soin, en fonction de l’évolution économique à l’échelle nationale et internationale.