La reprise économique mondiale se poursuit à une cadence un peu plus rapide que la Banque ne l’avait anticipé, même si les risques restent élevés. La demande intérieure privée aux États-Unis s’est raffermie et sera renforcée par les mesures de relance monétaire et budgétaire annoncées récemment. La croissance en Europe a aussi été légèrement plus vigoureuse qu’escompté. Les défis actuels posés par la situation financière des pays souverains et des banques ralentiront la reprise sur ce continent et constituent une source considérable d’incertitude pour les perspectives de l’économie mondiale. Face à la surchauffe, certaines économies de marché émergentes ont commencé à mettre en place des mesures de politique plus restrictives. Le degré d’efficacité de celles-ci influera sur la trajectoire des cours des produits de base, lesquels ont nettement augmenté depuis la parution du Rapport sur la politique monétaire en octobre, en grande partie sous l’effet de la croissance plus solide à l’échelle du globe.
La reprise au Canada se déroule essentiellement comme prévu et est caractérisée par une période de croissance plus modeste et le début du rééquilibrage attendu de la demande. Le soutien apporté par les dépenses publiques devrait s’achever cette année, conformément aux plans budgétaires annoncés. On s’attend à ce que les lourds bilans des ménages freinent le rythme de progression des dépenses de consommation et de l’investissement résidentiel. En revanche, les investissements des entreprises devraient continuer à se redresser de façon notable, grâce aux conditions financières favorables et aux impératifs concurrentiels. La contribution des exportations nettes à la croissance devrait être plus prononcée à l’avenir, à la faveur du regain de l’activité aux États-Unis et de la hausse de la demande mondiale de produits de base. Toutefois, les effets cumulatifs de la vigueur persistante du dollar canadien et de la piètre tenue du Canada au chapitre de la productivité relative restreignent ce relèvement des exportations nettes et expliquent en partie l’aggravation du déficit de la balance courante de notre pays, qui se situe à son niveau le plus élevé en 20 ans.
Dans l’ensemble, la Banque prévoit que le rythme d’expansion de l’économie canadienne s’établira à 2,4 % en 2011 et à 2,8 % en 2012 – ce qui représente un profil d’évolution un peu plus solide qu’on ne l’entrevoyait dans le Rapport d’octobre. Vu la présence d’une offre excédentaire légèrement supérieure dans l’économie à court terme, la Banque continue de s’attendre à ce que l’économie renoue avec son plein potentiel à la fin de 2012.
Les pressions sous-jacentes pesant sur les prix demeurent modestes, en raison de la marge considérable de capacités inutilisées au sein de l’économie canadienne. L’inflation mesurée par l’indice de référence devrait remonter progressivement à 2 % d’ici la fin de 2012, étant donné que l’offre excédentaire dans l’économie se résorbe lentement. Les attentes d’inflation restent bien ancrées. L’inflation mesurée par l’IPC global est poussée temporairement à la hausse par les changements apportés aux impôts indirects perçus par les provinces, mais devrait converger vers la cible de 2 % d’ici la fin de 2012.
Compte tenu de tous ces facteurs, la Banque a décidé de maintenir le taux cible du financement à un jour à 1 %. Cette décision laisse en place un degré de détente monétaire considérable, compatible avec l’atteinte de la cible d’inflation de 2 % dans un contexte caractérisé par une offre excédentaire importante au Canada. Toute nouvelle réduction du degré de détente monétaire devra être évaluée avec soin.