Le premier article, paru en juillet dernier, expliquait le but du projet l’Intégration au cœur de nos actions, financé par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), et décrivait le parcours migratoire d’une personne réfugiée. Le 2e article présentait une situation vécue par une femme qui a demandé l’asile au Canada. Ce 3e article évoque une situation vécue par certaines personnes immigrantes accueillies temporairement au pays, pour y étudier ou y occuper un emploi. D’autres y viennent également pour s’y installer et travailler de façon permanente. Malgré cette différence quant à la permanence de leur séjour au Canada, ces personnes, dont on conservera l’anonymat, ont en commun ces trois phases du parcours migratoire :
1. Quitter le pays d’origine
2. Immigrer au Canada
3. S’adapter à une nouvelle vie
Jeloutout est un propriétaire d’habitations locatives reconnu pour son ouverture et sa capacité à créer des liens d’affaires respectueux avec tous ses locataires. L’ensemble de ses immeubles totalise une cinquantaine d’unités de grandeurs variées, allant du simple studio à des logements 6 ½, répartis dans divers secteurs de la ville de Sherbrooke. Membre du RPHL depuis longtemps, il jouit d’une excellente réputation.
Lors d’une fin de semaine ensoleillée du mois d’août, Jeloutout organise une vente de garage dans la cour de l’un de ses immeubles et fait la rencontre, à cette occasion, de trois de ses locataires; Létudiant Jovial, Travaillant Partemps et Levoisin Qualifié.
Natif d’un pays d’Afrique du Nord, Létudiant, 35 ans, est entré à l’Université de Sherbrooke (U de S) en décembre 2021 pour y poursuivre ses études de doctorat en éducation. Il a vu la neige pour la première fois à la fin de son confinement dû à la pandémie du COVID-19. De son pays natal, il avait répondu à une annonce sur internet et réservé un logement 4 ½ pour sa femme et ses deux enfants. Le Service aux étudiants internationaux de l’U de S et son directeur de recherche l’ont accueilli avec sa famille tout en aidant à leur installation. Son permis d’études lui permet également de travailler sur le campus jusqu’à 20 heures par semaine.
Il profite de la présence de Jeloutout à cette vente de garage pour l’aborder et lui faire part de réparations à faire dans la cuisine et la salle de bain. L’état du logement ne correspond pas à celui qu’il avait réservé. Jeloutout lui explique alors que le moment est mal choisi pour en discuter et les deux conviennent d’une nouvelle date pour se parler.
Travaillant Partemps a été embauché en juillet 2022 comme réceptionniste dans une entreprise estrienne qui recrute à l’étranger et avec laquelle il a signé un contrat de travail de 2 ans. Âgé de 35 ans, Travaillant parle sa langue, Touslesmots et l’anglais. À son arrivée, il a signé un bail de 11 mois pour un logement 5½ semi-meublé dans l’immeuble de Jeloutout. Il espérait que sa femme et ses 4 enfants puissent venir le rejoindre rapidement, car il n’a jamais vécu séparé de sa famille.
En découvrant le va-et-vient des gens dans la cour, surpris d’y voir tant de meubles, d’objets et de bibelots, il décide d’aller s’y promener (dans son pays natal, une île immense située au large de la côte sud-est de l’Afrique, ce type de vente de garage n’existe pas). Travaillant s’approche de Jeloutout et s’informe des prix d’un sofa, de deux lits et de 4 chaises qui complèteraient son mobilier pour bien accueillir sa famille. Sachant qu’il habite seul, Jeloutout questionne Travaillant sur ses achats. Ce dernier lui répond qu’il attend, depuis son arrivée, que sa femme et ses enfants viennent le rejoindre. En effet, il dort mal depuis quelques semaines, travaille toute la journée et n’a pas encore d’amis ici. Souvent, il se surprend à pleurer après avoir parlé à sa femme ou à ses enfants qui lui manquent énormément, à tel point que sa santé mentale en est affectée. Il vit beaucoup de stress, de tristesse et d’angoisse. Jeloutout est sensible à la situation de Travaillant mais ignore comment il pourrait l’aider.
Le lendemain, Levoisin s’est présenté à la vente de garage. Dans la trentaine, célibataire, il est un passionné d’histoire et est titulaire d’une maîtrise en architecture obtenue dans sa région natale wallonne. Il a choisi le Québec pour y réaliser son rêve de vivre en Amérique du Nord parce qu’il parle couramment le français. Avec l’accent de son pays européen, il salue Jeloutout et entame avec lui une conversation autour d’un vaisselier antique en chêne des années 1900.
Ensuite, il demande conseil à Jeloutout concernant la recherche d’emploi au Québec. Ce dernier le questionne sur le domaine de recherche d’emploi, ce à quoi Levoisin lui répond : « Je suis prêt à faire n’importe quoi pour avoir de l’argent. Mes économies fondent comme neige au soleil et je dois payer mon loyer en absorbant aussi mes autres dépenses. J’ai fait plusieurs métiers pendant mes études, je suis très habile et débrouillard ». Pensant à ses propres besoins de main-d’œuvre, Jeloutout lui propose un travail comme concierge dans son immeuble, ce que Levoisin accepte sans hésitation. Ils discutent alors des détails de l’offre, soit de l’horaire de travail, du salaire et des avantages sociaux.
Connaissant l’agent de soutien du SANC, car il a déjà signé des baux avec d’autres locataires immigrants, Jeloutout décide de le contacter afin d’aider Travaillant pour ses difficultés à faire venir sa famille ici. L’agent en question le réfère alors à un intervenant de l’accueil du SANC et profite de la visite de Jeloutout pour lui remettre le Guide du propriétaire.
En supposant que vous faites face à des situations similaires:
• Comment agiriez-vous différemment dans la situation de chacun ?
• À quels organismes ou institutions pourriez-vous référer Travaillant pour qu’il reçoive de l’aide concernant ses problèmes de santé mentale?
• Que pourriez-vous faire pour mieux connaître la culture de Létudiant, de Travaillant et de Levoisin, leur parcours migratoire et leur processus d’intégration au Québec ?
Service d'aide aux Néo-Canadiens à Sherbrooke (sanc-sherbrooke.ca)