Le Service d’aide aux Néo-Canadiens (SANC) est un organisme sans but lucratif fondé en 1954. Sa mission est d’accueillir les personnes immigrantes venant s’établir en Estrie, de les accompagner dans leur intégration socioéconomique et de participer au rapprochement interculturel. Le SANC présentera six articles, dont celui-ci, qui traiteront sur le parcours migratoire et le processus d’intégration des personnes immigrantes. Ces articles auront pour objectif d’informer les membres du Regroupement des propriétaires d’habitations locatives (RPHL) et de les sensibiliser à la réalité que peuvent vivre ces personnes. Ces articles sont rendus possibles avec la participation financière du gouvernement du Québec.
Parlons d’abord du parcours migratoire, dans lequel on peut déjà identifier les trois phases :
1. Quitter le pays d’origine ;
2. Immigrer vers le nouveau pays, dans ce cas, le Canada et ;
3. S’adapter à une nouvelle vie.
Certaines personnes vivront une phase supplémentaire où elles séjourneront dans un pays de transition ou dans un camp de réfugiés pendant plusieurs jours, mois, voire des années avant de pouvoir immigrer au Canada.
Parfois, l’immigration est un choix. Cependant, d’autres personnes immigrent par obligation pour sauver leurs vies et celles de leurs proches. Le parcours de ces dernières est souvent marqué par de multiples pertes, parfois humaines, ainsi que des traumatismes qui affectent souvent leur santé physique et mentale.
Bien que des personnes immigrantes s’intègrent rapidement sans trop de difficultés, d’autres vivront des problèmes d’adaptation sociaux, en milieu scolaire, ainsi que divers enjeux individuels et familiaux.
La plupart du temps, ces difficultés sont étroitement liées à l’émigration telles que l’apprentissage d’une nouvelle langue, la séparation involontaire avec le reste de la famille, l’exposition à la guerre ou aux combats, etc. Malgré cela, la majorité d’entre elles font preuve de résilience et s’adaptent à leur nouveau milieu de vie. Plusieurs facteurs et attitudes positives peuvent les aider à le faire plus facilement.
Voici un cas qui illustre, de façon anonymisée, une situation vécue par plusieurs personnes qui sont arrivées avec un statut d’immigration de réfugié pris en charge par l’état ou parrainé par un groupe privé, c’est ce qu’on appelle l’immigration humanitaire.
Jeviens Deloin, 20 ans, travaillant et débrouillard n’a pas terminé ses études secondaires. Il est originaire de lointaines contrées, dans la région de l’Afrique inter lacustre. Il est le 3e enfant d’une grande famille de 5 frères et 3 sœurs. Il a dû fuir de son pays natal dont la langue parlée est le Sansmot et dans lequel une guerre civile était à son comble depuis plusieurs mois. Un jour, il accompagnait son frère aîné pour faire des démarches auprès d’une institution publique de santé lorsqu’une confrontation a éclaté entre un groupe de l’armée et des terroristes appartenant à un groupe opposé au gouvernement en place et ils se sont trouvés au milieu de la fusillade. Malgré qu’ils n’étaient pas armés, les soldats les ont pris comme faisant partie du groupe de terroristes et ont continué à tirer dans leur direction. En cherchant à se réfugier dans un commerce qui était proche, son frère a été atteint mortellement d’une balle perdue.
Après les funérailles de son frère, il a quitté son pays quelques jours plus tard amenant avec lui son frère de 18 ans pour sauver leurs vies. Il craignait avec raison que les autorités s’en prennent à lui et à sa famille. Ils ne pouvaient pas partir tous ensemble faute de moyens financiers. En conséquence, les deux frères sont partis à pied vers le pays voisin, apportant seulement un sac à dos contenant l’essentiel (papiers, quelques vêtements et un peu de nourriture). Ils n’ont pas pu dire au revoir à leurs proches. JeviensDeloin et son frère ont dû marcher pendant plusieurs jours des dizaines de kilomètres avant de traverser la frontière du pays voisin, situé à plus de 70 kilomètres de sa ville natale.
Dans le Paysdepersonne, où ils y ont vécu 5 ans et travaillé comme ouvriers de la construction afin de survivre. Cependant, de nombreuses difficultés (financières, santé, etc.) leur laissaient voir peu d’avenir devant eux et ne voulaient pas rester dans ce pays. Environ deux ans après leur arrivée au Paysdepersonne, Jeviens Deloin a entendu que son frère et lui pouvaient faire une demande, auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCNUR) pour pouvoir émigrer au Canada. Après environ deux ans de démarches auprès du HCNUR, leurs dossiers ont été dirigés vers l’ambassade du Canada. Ils ont été aidés par l’Organisation internationale de migration (OIM) pour préparer leur voyage vers le Canada. Une fois arrivés, ils ont été orientés par le MIFI vers le Service d’aide aux Néo-Canadiens (SANC) à Sherbrooke, où il les a pris en charge pour les aider dans leur installation et leur intégration.
Une nouvelle étape de leur parcours commence pour eux, soit celle de s’adapter à la vie au Canada. L’une des premières démarches du SANC a été de les aider à trouver un appartement en contactant plusieurs propriétaires d’habitations locatives avec qui ils sont en relation depuis longtemps. Cependant, Jeviendeloin et son frère ont été confrontés au premier obstacle, soit celui de ne pas avoir un historique de crédit au Canada ni à l’étranger et de ne pas avoir un endosseur pour pouvoir signer un bail, tel que demandé par les propriétaires contactés. L’agent de soutien à l’installation du SANC a réussi à convaincre un propriétaire de donner une chance à Jeviendeloin et son frère. Il lui explique son rôle et ce que le SANC peut faire pour l’aider à établir une relation d’affaires avec les nouveaux locataires. Il l’informe du soutien gouvernemental dont ils bénéficient depuis leur arrivée même s’ils ne peuvent pas répondre à sa demande concernant l’enquête de crédit ou l’endosseur.
Si vous étiez à la place de Jeviensdeloin et son frère, quels conseils leur donneriez-vous pour connaître les règles de vie dans votre immeuble ? Quelles attitudes positives pourraient favoriser l’entrée en relation entre ces nouveaux voisins et les autres locataires de votre immeuble ? Qu’est-ce que vous pourriez faire pour mieux connaître la culture de ces nouveaux locataires immigrants ?